Radio-Canada prend et ne donne pas
par Dominic Duval
dans centpapiers, 22 novembre 2006
Article
Jean Leloup -oups !- Leclerc est de toute évidence un artiste qui aime sortir les gens de leur torpeur. Sa performance à la récente émission de Christiane Charette n'a pas été, selon moi, aussi spectaculaire et historique que certains le laisse paraître, mais il s'agit là bien sûr d'une question de goût. Sa critique du monde de la culture et de la société québécoise a été, en soit, une bonne occasion de se poser certaines questions après le débat Leclerc-Cassivi-Petrowski. Un autre passage de l'entrevue en question m'a personnellement frappé aussi, sinon plus, fortement.

Dans le brouhaha ayant suivit le passage de Leclerc à Christiane Charette, peu (aucun ?) ont soulevé un passage qui m'a paru fort surprenant. Christianne Charette, peu après la prestation de Jean Deadwolf Leclerc, lui demandait si Radio-Canada pouvait distribuer sa nouvelle chanson en format mp3 sur le site web de la société d'état. Leclerc lui a aussitôt répondu, sans hésitation, qu'il n'y avait pas de problème. Pour en remettre, le chanteur affirmait un peu plus tard que toutes ses chansons étaient disponibles gratuitement sur son site web (ce qui est bel et bien le cas, à partir de l'interface Flash) pour les fans qui n'ont pas de cash. Il suggérait aussi aux autres, ceux qui en ont les moyens, d'aller acheter son CD.

Tout simplement.

Voilà qui contraste étrangement avec les positions de l'ADISQ. Tellement que je commence à me demander si Leclerc est toujours membre de cette association ! Moi qui boycotte les CD produits par la plupart des artistes (j'assiste plutôt à leurs concerts en salle lorsque je veux les encourager), je n'ai pu, devant une logique aussi limpide, faire autrement que d'aller acheter Mexico, le dernier disque de Jean Leclerc (je l'écoute d'ailleurs au moment même où j'écris ces lignes, et il est, soit dit en passant, excellent).

Ironiquement, Christiane Charette et Radio-Canada, qui ont profité des largesses de Jean Leclerc en diffusant deux de ses chansons en format mp3 sur radio-canada.ca, ont eu le toupet de demander le retrait des extraits de l'émission qui étaient disponibles sur l'excellent site p45.ca. Avec les multiples expériences comme bandeapart.fm et la baladodiffusion, il aurait été permis de croire que la radio de Radio-Canada avait évolué au point de permettre de diffuser une séquence sonore non-modifiée sur un site ne comportant aucune publicité, ce qui correspond en tout point à la notion on-ne-peut-plus canadienne et légalement acceptée du fair dealing, ou utilisation acceptable.

C'était trop en demander.

Surtout de la part d'une société d'état qui agit encore comme si on était en 1990, et qui de toute évidence n'a jamais compris le sens de l'expression give and take.

photo : radio-canada

(Article original)

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Dernière mise à jour le 21 décembre 2006.
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