514 contre 450: «Le libre-échange, ça va faire!»
par Jean-François Codère
dans Le Journal de Montréal, 1 octobre 2007
Entrevue

La banlieue, ça n'existe même pas dans l'univers de Jean Leclerc (Leloup), Montréalais endurci. «Il faudrait mettre une douane tout le tour de l'île, le libre-échange, ça va faire», rigole-t-il.

Jean Leclerc, un habitant du Mile End qui a fréquemment vanté les mérites de ce quartier typique de Montréal, est l'un des artistes les plus assidus du 514.

Pour lui, visiblement, Longueuil pourrait bien être au milieu du Texas.

«Une fois, je me suis arrêté à Longueuil pour mettre de l'essence en revenant de Québec parce que j'étais vraiment sur le point d'en manquer. C'est le seul contact dont je puisse me rappeler.»

Y déménagerait-il? «Je ne sais pas, c'est bien? Il y a de beaux endroits? J'irais peut-être, mais c'est loin.»

«Je ne suis pas raciste, glisse-t-il, moqueur. Bon, c'est sûr que je trouve qu'ils se ressemblent tous, mais... c'est une culture différente. Ils n'ont pas été élevés de la même façon que nous autres. C'est une autre stratosphère.»

Malgré ses plaisanteries, il demeure tout aussi critique des Montréalais eux-mêmes.

«En ville, les gens se croient supérieurs un peu, c'est vrai. Ils sont certains qu'ils ne sont pas kétaines, au centre-ville. Mais ils disent ça pour se déculpabiliser parce que la kétainerie, c'est une contagion qui part du centre.»

Au grand jamais

Son opinion est partagée par plusieurs autres résidants du 514.

«Je ne vivrais jamais en banlieue. Y a pas grand-chose que je peux affirmer dans la vie avec autant de certitude», lance Caroline Nadon, une Montréalaise de troisième génération qui habite le quartier Rosemont avec son conjoint et ses deux enfants.

Pour elle, les vastes terrains gazonnés du 450 ne sont d'aucun attrait.

«Je n'aime viscéralement pas la banlieue. Je suis très relaxe sur mon grand balcon ombragé.»

Denis, qui loue un appartement sur le Plateau avec sa douce moitié, partageait la même opinion... jusqu'à ce qu'il se résigne à acheter une maison à Saint-Hubert, faute de pouvoir acheter un duplex à Montréal.

«Il y a à peine 6 mois, je ne voulais rien savoir. Pour moi, c'était tous des twits qui avaient l'air de consanguins. Je trouvais ça cool, mon petit appart.»

À cinq semaines de sa migration, il semble avoir réussi à se convaincre des avantages de la banlieue. «Je n'aurai pas de monde autour. Je vais pouvoir mettre ma musique dans le tapis».
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Dernière mise à jour le 2 octobre 2007.
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