Jean Leloup « agonise » avec une énergie magistrale
par Maxime Demers
dans Le Journal de Montréal, 7 novembre 2003
Article

Jean Leloup ne pouvait choisir meilleur spectacle pour dire au revoir (ou plutôt adieu) à ses fans. Éclatée, festive et déjantée, ce best of testament à saveur big band s'avère somme toute une mort artistique à son image. Et à sa hauteur : magistrale.

Ainsi donc, Leloup a tourné une des dernières pages de sa vie artistique hier soir au Métropolis. Plus que six petits shows montréalais (ce soir, demain, dimanche et les 15 et 16 novembre), quelques-uns en région, puis Jean Leloup disparaîtra pour de bon, et redeviendra Jean Leclerc. La mort officielle est prévue pour le 19 décembre, rappelons-le.

Triste nouvelle. Mais ce n'est certainement pas une raison de ne pas célébrer. Leloup le sait et ses fans aussi. Ceux-ci n'ont pas tardé à s'enflammer en chantant à tue-tête et en sautillant énergiquement.

Il faut dire que le maître de la soirée, John The Wolf, était dans une forme étonnante pour un futur cadavre. En le voyant se pointer sur scène avec son sourire espiègle, on savait déjà qu'on aurait droit à tout un festin. Et c'est ce qu'on a eu.

« T'inquiète pas, on va toutes les jouer, anyway », a lancé en fin de spectacle Leloup à un fan inquiet de voir mourir trop vite son idole.

Entouré du même big band que l'été passé aux FrancoFolies (en tout 10 musiciens dont quatre cuivres et trois choristes), Leloup a donc sévi pendant plus de deux heures, en enfilant tour à tour ses succès d'hier et d'aujourd'hui.

Et elles y ont toutes passé (ou presque), revisitées à la manière big band rock'n'rollesque : Berta, Edgar, Cookie (particulièrement jouissive), L'Antiquaire, Think About You, Le monde est à pleurer, La Vallée des Réputations, Sang d'encre, Voilà (en version salsa), Isabelle (un moment de frissons dans la salle) et on en passe.

En rappel, notre homme s'est même permis un petit pot-pourri pas prévu de quelques-unes des pièces qui n'étaient pas au programme.

Testament

Visiblement ému, Leloup nous a donc offert hier un spectacle testament à la fois émouvant et énergique. Mince consolation : il nous lègue en héritage son répertoire unique, varié et d'une rare authenticité qui, lui, ne mourra pas de sitôt.

Reste que la mort du chanteur laissera un trou énorme dans l'univers musical québécois.

Il nous restera alors à espérer un nouveau miracle : la résurrection de Jean Leloup. Mais à voir son sourire ému hier, en fin de spectacle, on peut parier qu'il s'ennuiera lui aussi assez vite. Il y a donc peut-être de l'espoir.
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Dernière mise à jour le 15 avril 2004.
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