Jean Leloup l'éternel révolté
par Le Journal de Montréal
dans Le Journal de Montréal, 9 septembre 1989
Article

Avec son feutre cabossé sur le bout de la tête, sa large chemise à carreaux et son jeans usé, Jean Leloup, à 28 ans, conserve tout de l'allure des adolescents. Éternel révolté, le jeune artiste refuse tout compromis. Envers et contre tous, il ne veut que deux choses: faire de la musique et de l'argent.

Ressortissant de "Starmania" où il s'est, dit-il, ennuyé profondément, Jean Leloup y a appris les lois du milieu. Il a réalisé qu'il était dépourvu de créativité. Tout en jouant dans l'opéra-rock, il a connu une certaine mentalité qui lui fait horreur. À partir de là, il s'est juré de ne plus jamais "faire le p'tit téteux". Pourtant "Menteur", son premier album, a été lui aussi à sa façon un autre compromis.

Un premier disque "Menteur"

Enregistré en studio avec un minimum de musiciens, le premier album de Leloup a été conçu pour le marché radiophonique. Les critiques ont été éblouis par ce premier disque. Leloup, de son côté, jure qu'on ne l'y reprendra plus. Il prévoit déjà que son prochain album sera davantage "live", réalisé avec moins de machines et plus d'humains. Le ton sera résolument rock et fera "éclater les radios".

"Je ne veux pas faire de compromis avec ma musique. La musique, c'est de la vie. On ne peut pas l'amputer de son âme. J'ai décidé que je ne pouvais plaire à tout le monde. Je sais que je ne veux pas avoir les mémés."

Avec des musiciens venus de France, de l'Afrique du Nord, Jean Leloup monte "sa sale affaire". Chez le public, il recherche l'hystérie. "La méthode "Starmania", dit-il m'a fait crever de faim et d'ennui. Quand je monte sur scène, je veux que les gens embarquent. Les barrières sont là pour être traversées. Je m'en tape de devenir une vedette. Je veux plutôt faire ma job le mieux possible, honnêtement. Quand les gens y croient, ils embarquent."

La liberté

"Je l'ai gagné ma liberté (sic). J'ai envoyé paître tout le monde. Je ne peux plus supporter les menteries, je ne veux que personne m'impose une image, une façon d'être. Je suis tanné qu'on essaie de me convaincre d'être différent. Je ne veux être important pour personne et je veux vivre sans attache avec un poing américain dans ma poche."

En marge des clichés, des règles établies, Leloup fait sa marque. "L'obéissance ne m'a jamais payé. Je ne veux pas plaire à tous prix. J'ai l'air fou et je n'ai aucune envie de me conformer à quoi que ce soit. Jamais je ne mettrai des culottes qui ne me plaisent pas. Pour moi, la business, c'est comme la vaiselle (sic) et je m'attarde à la musique et aux textes. Ma direction est et restera toujours super-personnelle. Je joue à quitte ou double."

Jean Leloup remet les choses en perspective. Dans l'univers étriqué de la chanson québécoise, il arrive avec sa détermination. Il n'a pas froid aux yeux et ne se gêne pas pour dire exactement le fond de sa pensée. Devant la beaureaucratie de notre industrie du disque, il s'étonne que la créativité ne vienne qu'au second plan. Il a le goût de casser les murs, d'éclater et de livrer comme il l'entend ses tribulations de poète et de chanteur.

"Tout le monde attend des subventions et les félicitations du Ministre. Moi, j'en ai rien à foutre. Rien à foutre non plus des médias. Je suis convaincu que c'est mon intégrité qui touchera. Je ne suis pas obéissant, ni poli. Je me tiens debout et je n'ai pas encore dit mon dernier mot."

Ayant vécu sa petite enfance en Algérie et au Togo, Jean Leloup y a appris le goût du voyage. À la façon d'un vagabond, il prévoit des tournées en compagnie de ses musiciens en Europe. "Je le ferai comme je l'entend sans attendre que la promotion précède les spectacles. J'ai appris à être indépendant. C'est ma musique qui convaincra les gens. Tout ce que je veux, c'est avoir du fun et qu'on en ait avec moi."

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 20 janvier 2005.
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