France Castel: un rôle intense
par Denise Martel
dans Le Journal de Québec, 16 octobre 2004
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Réputée pour ses éclats de rire et même son petit côté fêtard, France Castel dévoilera, à compter de vendredi, une tout autre facette de sa personnalité dans La lune viendra d'elle-même, film dans lequel elle accompagne quelqu'un dans la mort.

"Les gens sont habitués de me voit dans des rôles plus heureux, voire extravagants. Il m'est arrivé d'avoir des rôles un peu plus dramatiques, mais jamais aussi intenses que dans La lune viendra d'elle-même.

C'est un registre différent, mais c'est moi aussi», confie France Castel, de passage à Québec, jeudi, en compagnie de la réalisatrice du film, Marie-Jan Seille, qu'elle connaît depuis une dizaine d'années.

"Je ne sais pas si un autre cinéaste aurait pensé à moi pour un rôle comme celui-là. D'ailleurs on s'est connues en accompagnant une amie commune vers la mort. Nous étions plusieurs amis autour d'Esther, une jeune cinéaste décédée du neuro-sida", joursuit la comédienne.

«Sans raconter l'histoire de cette amie, je pense que Marie-Jan s'est inspirée de ce vécu dans l'écriture du scénario. D'ailleurs le rôle de Francine, qu'elle a écrit en bonne partie pour moi, c'est un peu elle», raconte France Castel, en précisant qu'elle a aussi accompagné sa mère dans la mort.

«C'est moi qui lui ai fermé les yeux. Ça m'a apaisée d'être avec elle, parce qu'elle a eu une belle mort, paisible, sans trop de souffrances. Je suis heureuse d'avoir vécu ce moment-là, parce que je ne sais pas si j'aurais été capable d'interpréter le rôle de Francine, si je n'avais pas eu cette expérience derrière moi», ajoute la comédienne.

La mort de près

«J'ai beaucoup d'amis qui sont morts aussi, la drogue, le sida... Même moi, j'ai eu une période de consommation de toutes sortes... Une période autodestructrice que tout le monde connaît, je ne m'en suis jamais cachée, où j'ai flirté avec le suicide.

J'étais la première à dire que je n'avais pas peur de défier la mort, mais c'était parce que je voulais avoir le premier mot sur elle. De l'accepter quand la mort décide de se pointer, c'est autre chose. On n'est pas toujours prêts à l'affronter.

La lune viendra d'elle-même vise, justement, à aider les gens à s'y préparer. Qu'on le veuille ou non, de plus en plus, quand on vieillit, on est appelés à devenir des aidants naturels.

Si ce n'est déjà fait, on aura probablement tous à accompagner un proche dans la mort», ajoute la comédienne, qui vient d'avoir 60 ans.

La vie gagne

"Il faut apprendre à lâcher prise, à accepter la vie au jour le jour, comme elle se présente. Moi, je suis du genre à avoir des hauts et des bas très marqués, mais je suis très stable dans mon instabilité. J'accepte ces états de faits.

Finalement, c'est la vie qui gagne. L'immensité de la vie. D'ailleurs, le dernier mot d'Aimée (Isabelle Leblanc) dans le film, c'est «Tout est dans la beauté», ajoute la comédienne, qui continue à coanimer Deux filles le matin avec France Beaudoin, à TVA, tandis qu'elle a été approchée pour trois films qui n'ont toutefois pas encore été acceptés par les institutions.

Photo Benoit Gariépy. Même si le sujet du film était grave, France Castel soutient que le tournage de La lune viendra d'elle-même s'est déroulé de façon très harmonieuse, grâce au travail effectué avant et grâce à l'équipe.
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Dernière mise à jour le 24 avril 2005.
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