Adieux survoltés à Jean Leloup
par Pierre O. Nadeau
dans Le Journal de Québec, 23 octobre 2003
Critique

Propageant, pour la dernière fois, sa douce folie avec une nouvelle machine musicale crachant le feu, Jean Leloup a livré, hier soir, un glorieux chant du cygne dans un Capitole survolté.

Les adieux à la scène de Jean Leloup ont donné lieu à un délirant party à la faveur d'une folie séductrice servie à fond de train et rehaussée d'un imposant emballage visuel et sonore qui a redonné une nouvelle vie à son oeuvre.

En annonçant sa décision de tirer sa révérence après cette tournée d'adieu de quelques semaines, l'artiste de 42 ans avait promis de se payer la traite en s'entourant de sept musiciens (dont une section de cuivres), trois choristes, et une douzaine de projecteurs mobiles qui balaient la scène avec raffinement.

À voir tout cet alignement en smoking, on avait presque l'impression d'assister à un show de casino. Mais le discours leloupien nous ramenait à cette attachante et vibrante marginalité, qui continue de distinguer le chanteur à l'allure du gars qui veut rien savoir, sinon que de s'éclater avec sa gang en scène et celle répartie dans la salle pleine à capacité.

Non, l'heure n'était pas à la tristesse, mais bien aux réjouissances. Tout sourire, vêtu tout de noir comme toute son équipe, Leloup nous livre son parcours musical avec les nouvelles couleurs que lui apportent son imposant — et solide — entourage, qui est aussi de la fête!

Tous y passent

Ses personnages colorés (Berta, Edgar, Isabelle, et Dr Jekyll) défilent avec une fantaisie explosive, faisant lever une foule excitée, qui aurait bien aimé disposer d'un parterre adéquat pour danser plus librement.

Même les titres les plus sombres (Le monde est à pleurer, La vie est laide et Décadence) sont prétextes à faire lever les bras sous la pulsion des cuivres endiablés. Cookie et Isabelle entretiennent ensuite l'atmosphère électrisante, qui atteindra son paroxysme sous le déchaînement de L'amour est sans pitié et de Alger!

La foule joyeuse en redemande, en appréciant les brillants arrangements musicaux, qui font sautiller un public jeune et moins jeune. Le bal se poursuivra ainsi jusqu'à samedi.

Avant de redevenir Jean Leclerc, Jean Leloup quitte au summum de son art. Dommage... Mais peut-on reprocher au personnage abstrait d'être tout simplement fidèle à lui-même?

Photo Camil Lesieur. Hier soir, le show d'adieu de Jean Leloup a fait craquer le Théàtre Capitole, où le bal se poursuivra jusqu'à samedi.

[NOTE: Contrairement à ce qu'affirme M. Nadeau, Dr Jekyll et Décadence n'ont pas été jouées le 22 octobre 2003 au Capitole. On ne veut pas insinuer par cette remarque que M. Nadeau n'était pas présent au spectacle et qu'il raconte n'importe quoi.]
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Dernière mise à jour le 28 octobre 2003.
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