Les artistes sont-ils trop sages?
par Jean Christophe Laurence, Chantal Guy et Marie-Christine Blais
dans La Presse, 12 novembre 2006
Critique

La musique québécoise est en pleine effervescence. Mais certains reprochent aux nouveaux groupes de faire de la belle musique... vide de contenu. Les artistes de la relève sont-ils de trop sages citoyens au royaume de la non-opinion, comme le prétend Jean Leclerc?

Jean Christophe Laurence:

«Jean Leloup (appelons-le par son vrai nom) a manqué une bonne occasion de se taire. Si je ne m'abuse, ses histoires d'escargots qui pullulent et de plottes au poil carotte étaient loin d'être du Bob Dylan. À la défense des «jeunes groupes», je dirais ceci: l'absence de contenu, des fois, c'est éloquent en soi. D'ailleurs, leurs chansons sont-elles si vides? Quand J'écoute Montréal-40 de Malajube, ça me parle autant que le faisait Printemps-Été de Leloup en 1990. J'ajouterais ceci: less is more. Je préfère encore trois mots plus ou moins porteurs que la logorrhée de textes brouillons du dernier Jean Leclerc.»

Chantal Guy:

«À l'époque où Jean Leloup faisait partie de la relève, et que j'étais une ado transie d'amour pour lui, je me souviens qu'il n'avait pas beaucoup de compétition. Ce ne serait pas le cas aujourd'hui. Enfin, chialer contre la relève prouve non seulement qu'on n'en fait plus partie, mais trahit notre âge beaucoup plus que les rides. Et puis, selon les sacro-saintes lois du rock, la relève devrait se réjouir que les plus vieux n'aiment pas sa musique - sinon, le rock serait vraiment mort!»

Marie-Christine Blais:

«Les Cowboys fringants, Vulgaires Machins, Dumas, Loco Locass, Guy-Philippe Wells et la majorité des groupes hip hop, pour ne nommer que ceux-là, font tout, sauf de la musique vide de contenu. Depuis toujours, la musique divertissante et la musique signifiante se côtoient, sans se rencontrer. Mais là où Jean Leclerc et Charlebois ont raison, c'est qu'il est possible de mêler les deux genres: même dans une petite chanson pop comme Laura, le Leloup-Leclerc dénonçait l'absence de communication entre voisins; même dans une chanson commerciale comme J't'aime comme un fou, Charlebois traitait de l'obsession du sport et de l'image...»
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Dernière mise à jour le 14 novembre 2006.
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