Portrait: Anne-Marie Cadieux
par Jean Beaunoyer
dans La Presse, 15 mai 2005
Article

La comédienne Anne-Marie Cadieux aime surtout voyager -du théâtre au cinéma, d'un pays à un autre, d'une idée à une autre. On ne peut l'inscrire dans aucune catégorie ou case de l'existence.

Ses rôles sont plus grands que nature. Ils vont de Lady Capulet, Élizabeth I et Mademoiselle Julie jusqu'à une miss météo au cinéma. Elle a fréquenté les scènes de théâtre, les plateaux de tournage et les studios de télévision avec autant de bonheur et d'intensité. Parce qu'Anne-Marie Cadieux ne laisse personne indifférent.

Au théâtre, je me souviens encore de sa prestation dans la pièce La Nuit, où elle campait le rôle d'une femme impliquée dans une relation sado-masochiste, et aussi dans Gertrude, où son personnage exprimait librement sa sexualité. Au cinéma, elle a été associée aux créations de Robert Lepage, François Delisle et François Bouvier, entre autres. Constamment en mouvement, la comédienne, originaire de Montréal, a étudié le théâtre à l'Université d'Ottawa, parfait ses études au HB Studio à New York avant de travailler avec Robert Lepage à Québec, tourner avec celui-ci en Europe et se reposer à Paris, Avignon ou Mexico.

À 15 ans, elle rêvait de faire du cinéma et c'est le cinéma qui l'a amenée au théâtre.

«Il a fallu que j'attende jusqu'en 1994 pour tourner dans mon premier long métrage, Le Confessionnal de Robert Lepage, qui en était lui aussi à sa première expérience à titre de réalisateur au cinéma. J'étais contente de pouvoir naviguer entre le théâtre et le cinéma.

Le théâtre est athlétique, exigeant et demande beaucoup de discipline. Le cinéma, c'est la liberté, l'anarchie dans un climat où l'on devient dépendant de tout. Du réalisateur, des maquilleuses, du monteur, des habilleuses et de tout ce monde qui vous traite aux petits soins. On est complètement pris en charge au cinéma alors qu'il faut se défendre complètement seule au théâtre.»

J'ai tenté de lui faire admettre sa préférence pour le cinéma, mais il faut croire que les choses ne sont pas si simples au Québec. «Je gagne en deux jours de tournage au cinéma autant qu'en jouant pendant trois mois au théâtre. Mais un acteur ne peut pas tourner quatre films par année au Québec. Sauf quelques exceptions, on ne peut pas faire que ça. Le cinéma, c'est séduisant et je comprends que plusieurs acteurs soient tentés de se consacrer entièrement à ça, mais je pense que le théâtre, c'est le muscle du comédien pour se tenir en forme.»

«Un comédien se doit de mettre les pieds sur la scène pour aller au bout de son art. On peut toujours engager des gens sans expérience au cinéma, mais il est impossible de jouer au théâtre sans expérience de la scène.»

Et la télévision?

«Aujourd'hui, la télévision, c'est presque pareil au cinéma. Dans la série télévisée Fortier, c'était pratiquement du cinéma tellement il y avait des scènes extérieures».

Et puis, comme bien d'autres comédiens et comédiennes, Anne-Marie Cadieux éprouve le besoin de s'investir dans la production. «Pas en tant que réalisatrice ou productrice, mais au niveau de la création et du scénario. J'aimerais écrire davantage. Je travaille actuellement sur un projet avec Robert Lepage, qui ne sait pas si ce sera une pièce ou un film. J'aime participer à la création d'une oeuvre, aux recherches, aux textes... Je me souviens de l'expérience des Sept branches de la rivière Ota (Nô dans sa version cinématographique, tiré d'un des segments de la pièce) qui m'a amenée au Japon».

Et que dire de Robert Lepage?

«Robert est un homme fidèle qui aime travailler en famille. Il aime que les comédiens restent avec lui. Ça prend des gens inventifs pour jouer dans ses pièces, mais aussi des gens de caractère. Robert aime les gens qui le confrontent qui ne se laissent pas éblouir par sa renommée. J'ai travaillé aussi beaucoup avec Brigitte Haentjens au théâtre. J'aime également travailler avec des gens nouveaux».

Parmi ces gens nouveaux, il y avait François Delisle, avec qui elle a tourné Le bonheur est une chanson triste et avec qui elle tournera dans une autre production qui est actuellement à l'état de projet. Elle étudie également trois autres projets de films dont l'un est mené par... Jean Leclerc (ex-Jean Leloup). Évidemment, son personnage de Myriam Monette dans Maman last call, de François Bouvier, revient dans Miss Météo, dont la première sera présentée en octobre prochain à Super Écran.

En somme, du travail et des projets pour une femme qui n'est pas bien à la maison et qui est heureuse de jouer et voyager. «Un jour, quelqu'un m'a dit qu'au cinéma, il faut être. Rien d'autre. Au théâtre, il faut donner et donner». Et c'est ce qu'elle est et ce qu'elle fait.

Photo Robert Mailloux, La Presse. Anne-Marie Cadieux.
Cet article contient aussi une image: [1]
page principale | articles: alphabétique | articles: chronologique | photos

Dernière mise à jour le 25 août 2005.
http://news.lecastel.org
Conception: SD