L'adolescence du Festival international rock de Montréal
par Alain Brunet
dans La Presse, 22 septembre 1990
Critique

Le cri de la mouche, Xutos & Pontapés, The Kingsnakes, Dominic Sonic, Gogol 1er, Dazibao, Living In Texas ou Tony Truant sont tous des rockeurs méconnus du public montréalais.

Le Cri de la mouche sera le plat de résistance de la soirée d'ouverture qui aura lieu sur le Ville-Marie II, un bateau amarré dans le port de Montréal.

Il s'agit pourtant de la délégation européenne invitée par le Festival International Rock de Montréal! Au FIRM, on ne découvre pas la relève rock de l'Europe avec un an de retard... Ni celle d'ici. Du 28 septembre au 7 octobre, plus de 80 concerts rock figurent au menu du FIRM.

Les observateurs ont haussé les épaules lorsqu'ils ont lu l'essence de la programmation du FIRM. On s'attendait à faire des découvertes mais cette année, les organisateurs se sont surpassés en nous plongeant dans l'inconnu.

Il faudra quand même écouter le rock parisien fort bien envoyé du Cri de la Mouche... pour constater qu'on ne frime pas au FIRM. Ce band risque effectivement de produire un effet de surprise comparable à la Mano Negra l'an dernier. Le Cri de la mouche sera en fait le plat de résistance de la soirée d'ouverture qui se tient sur le Ville-Marie II, un bateau amarré dans le Vieux-Port.

La mine pas nécessairement réjouie, on goûtera le nectar acidulé de Gogol 1er, un funk-rockeur absolument délirant. Ses obsessions parisiennes en agaceront certains, mais ça assure derrière Gogol, croyez-moi. Idem pour le rigolo Tony Truant, autre rockeur aux inflexions vachement typiques. On peut d'ailleurs entendre les propos nasillards de Tony sur l'étiquette québécoise Audiogram...

Quant à Dominic Sonic, il produit un rock un peu plus songé et en anglais. Ce groupe francophone a attrapé le même virus anglophile de nos petits prétendants d'il y a quelques années. Idem pour Kingsnakes, formation rockeuse des plus solides. Quant à Dazibao, on parle d'un cas encore plus plus pété. La voix du chanteur fait penser un tantinet à Paul Piché, un Piché fort différemment sonorisé, un Piché qui aurait pris un bain de magma et chanterait sa douleur à la porte du purgatoire.

On sort de la France, on traverse la Manche et on écoute Living In Texas (ne pas confondre avec les Écossais du groupe Texas), un groupe rock assez costaud. On lorgne vers le sud et on s'arrête au Portugal: Xutos & Pontapes nous changera certainement de Linda De Suza; il s'agit d'une mixture des grands bands anglo-saxons de la dernière décennie, une autre des possibles révélations au FIRM.

Toute cette brochette européenne attaque Montréal par le biais des Foufounes Électriques.

Du Québec, la relève connue et la «zone rock»

Lorsqu'on lorgne vers les locomotives québécoises, la surprise est à peu près absente, on a la bizarre impression que les plus gros noms sont redondants... Jean Leloup, Les Parfaits Salauds... Rien de neuf.... «Ah! non, rétorque Andrée «Cocotte» Lévesque, directrice de la programmation au FIRM. Leloup fait son premier spectacle intégral depuis la parution de son nouveau disque, les Salauds reviennent au Festival après deux ans d'absence, d'autant plus qu'ils et (sic) présenteront les Idées Noires, que je considère très prometteurs. Et il ne faut pas oublier le bon vieux Capitane No, qui fait son retour avec une grosse gang», souligne Cocotte, et ce avec raison.

«Nous avons décidé de produire les gros noms québécois au Club Soda ainsi que dans de plus petits bars. Là où les jeunes groupes sont à l'aise. Par les années passées, les journalistes européens avaient comparé de jeunes groupes d'ici à des formations d'ailleurs nettement plus expérimentées; la performance québécoise n'avait (sic) pas très reluisante dans leurs reportages», explique-t-elle.

Cette fois, les invités sont du magazine Best, de L'Humanité, de Rock & Folk et de Guitar Player éviteront les comparaisons onéreuses, assistant aux performances des groupes locaux dans un contexte où ils seront plus à l'aise. «Après tout, on n'invite pas les journalistes français pour se faire planter», ajoute Andrée Lévesque.

Dans cette optique, le FIRM a délimité une zone rock, c'est-à-dire huit bars qui accueilleront les musiciens locaux pendant trois jours, du 1er au 3 octobre. Les Parazits, Lard Bedaine, Ray Condo, Cha Cha and the Chain Gang, Amnésie et Nitroglycérine, Les Stups, Glop! Glop! et tous ces bands qui n'en peuvent plus des concours amateurs pour se faire voir auront enfin l'occasion de se faire découvrir. Et ce, gratuitement.

Ajoutons que les concerts payants du FIRM sont offerts à des prix de récession, jamais plus de 16 dollars! En plus du Club Soda, scène des locomotives québécoises, la série Ni vu ni Connu qui nous présente aussi une brochette de groupes au Collège du Vieux Montréal (sic), le 4 octobre. Idem pour le Collège de Maisonneuve qui offre, le lendemain, une soirée de rock très très dur, quasi-métallique (sic). Le Café Campus et et (sic) les Foufounes présentent aussi du rock québécois.

Il ne faut pas oublier les disc-jockeys de Paris, de Bruxelles et de Montréal, tous invités par le FIRM. On les entendra ensemble sur scène, ou en alternance. Joyeux échange culturel en perspective.

L'adolescence du FIRM.

«C'est la phase adolescente de cette organisation», souligne Andrée Lévesque, qui sait bien que le FIRM doit encore démontrer sa rentabilité en plus de ses facultés de dépistage. Une réalité inhérente à toute organisation.

«Gamine, Sttella (sic), La Mano Negra et Noir Désir sont passés à de plus grosses ligues après s'être produits au FIRM. Des formations comme Young Gods, OTH et les Garçons Bouchers y ont également laissé leur marque», soutient l'organisatrice.

On peut même qualifier le FIRM de tremplin pour les Francofolies! On sait que ce dernier événement dispose de moyens nettement supérieurs et peut parfois récupérer des groupes qui se sont fait connaître au petit festival rock de Montréal - la Mano Hegra (sic) cette année, Noir Désir l'an dernier. Frustrant pour des impresarios (sic) marginaux qui voudraient bien graduer au domaine de la rentabilité? «Du moment qu'on accorde notre rôle, ça ne me dérange pas», répond Cocotte. «Les gros tourneurs ne sont généralement pas à la fine pointe de la découverte. Si on est reconnus comme de bons dépisteurs, c'est clair. Chacun fait sa job». (sic)

Photo Robert Mailloux, La Presse: Dominic Sonic, un duo qui produit un rock un peu plus songé que ses semblables et en anglais.
Photo Robert Mailloux, La Presse: Luc Thibodeau et Rémy Caset des Parfaits Salauds qui n'en sont pas à leur première participation au FIRM.

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 6 mars 2005.
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