Le fabuleux destin de Massoud Al Rachid
par Émilie Côté
dans La Presse, 7 septembre 2005
Article

« Lecteur, si j'écris ce livre, ce n'est pas pour me vanter, mais pour te mettre en garde contre un destin dont personne ne voudrait, le mien. »

C'est avec ces mots que Jean Leclerc (Leloup est mort, insiste-t-il) amorce son roman Noir destin que le mien, qui paraîtra chez Leméac, le 5 octobre. Initialement, le titre devait être Le Tour du monde en complet, tel qu'indique le livret distribué hier soir au dévoilement de la programmation automnale de Leméac. Mais Jean Leclerc vient de changer d'idée. Parce qu'il affectionne l'expression Noir destin que le mien, et que le personnage Massoud Al Rachid la répète souvent.

Le premier livre du coloré musicien est d'ailleurs signé Massoud Al Rachid. Tout simplement, car le texte est écrit au « je » et que Leclerc désirait pousser l'exercice jusqu'au bout. C'est du moins la raison qu'il a donnée à La Presse, mais peut-être qu'elle a changé depuis...

Dans l'un des chics salons du Ritz Carlton, où étaient réunis des intellectuels du monde littéraire, Leclerc détonnait, c'est le moins qu'on puisse dire. Il a même, disons, « volé la vedette » à Jean Barbe qui, en plus de présenter son nouveau roman Comment devenir un ange, était nommé hier directeur littéraire de Leméac.

Leclerc a sans doute fait sourciller les puristes présents au lancement, mais il a en a fait rigoler plus d'un en prenant place à l'avant pour donner un avant-goût de son roman. Immédiatement, il a capté l'attention des convives, même celle des gens qui chuchotaient.

Jean Leclerc fascine. Les journalistes étaient particulièrement nombreux pour le lancement d'une maison d'édition, que ce soit ceux de Flash ou du 7 jours. L'auteur a enfilé les entrevues sans rechigner ni sans faire faux bond à personne. Mais en privé, l'artiste n'a pas changé: on ne sait pas s'il se fout complètement de notre gueule ou s'il est le plus sérieux du monde. Il dit par exemple avoir 38 ans, alors qu'il en a 44. Comme on dit, ça fait partie du personnage...

« T'as pas vu mon look? Ce n'est pas fait pour être assis », lance-t-il au photographe, vérifiant les clichés qu'on prend de lui. Un chapeau rouge aux allures orientales sur la tête, Leclerc portait des bottes à la mode, une chemine avec des motifs végétaux orangés et un élégant complet gris. « Avoue que je l'ai, l'affaire », lance-t-il en se regardant dans le miroir.

Peut-être portait-il un complet pour rendre hommage à son personnage, Massoud Al Rachid? « C'est un gars qui raconte sa vie. Il trouve un complet et se dit je suis beau comme un ambassadeur, puis il part faire le tour du monde (...) C'est un Sino-Turc catholique et polygame. Un personnage ridicule. Un gars qui rate complètement sa vie. (...) Son destin n'a pas d'allure... c'est un fabuleux destin. Je ne l'ai pas manqué, le destin de Massoud », détaille Leclerc avec enthousiasme.

L'auteur dit avoir écrit son roman (de 96 pages) « franchement pas pire » sur une période de sept ans. Parfois, « les vieilles versions étaient meilleures que les premières ». Tout compte fait, il a fait lire un manuscrit à Jean Barbe, qui l'a refilé à l'éditeur de Leméac, Pierre Filion. « Pierre m'a donné l'envie de travailler mon texte et il a ajouté quelques phrases super drôles! » explique Leclerc, qui met en garde les gens de soulever quelque référence autobiographique que ce soit.

Dans le texte présentant son roman, l'auteur parle « d'une insulte à la littérature » et « d'un torchon lamentable » qui contient de bonnes jokes. Et en entrevue, il dit que son « conte fantastique » entretient des liens avec Candide de Voltaire. À surveiller...

Toujours l'écriture

Jean Leclerc confie se lever tous les matins à 6 h pour écrire. Des textes (un autre livre?), mais encore des chansons (un disque?), et un scénario de film (sortie?). « Je vais sortir ça quand ça me tente. Je produis mes affaires et je n'ai pas de carrière. » Jean Leloup est toujours mort, dit-il, même s'il a signé Les Corneilles avec ce nom, chanson qui paraîtra sur l'album des Pornflakes. Leloup n'a pas ressuscité, explique le principal intéressé, il ne s'est que « retourné dans sa tombe ».

« Ce n'est pas vrai que je vais chanter des vieilles tounes toute ma vie. Les Rolling Stones, je trouve ça niaiseux, je n'en reviens pas. Il y a en a toujours qui seront prêts à (mots déconseillés aux jeunes enfants), mais tu n'es pas obligé de te laisser faire (...) C'est ennuyant de chanter une vieille toune. J'espère que je ne le ferai jamais. »

À suivre...

Photo: André Tremblay La Pesse. Jean Leclerc
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Dernière mise à jour le 7 septembre 2005.
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