Petite planète
par Karine Tremblay
dans La Tribune, 25 février 2002
Article

Depuis quelques jours, on s'indigne. L'écart salarial entre hommes et femmes journalistes à la Société Radio-Canada fait rager et réagir. Avec raison. Pas normal que les lecteurs de nouvelles gagnent en moyenne 16 885 $ de plus que leurs collègues féminines.

Commentaires plusieurs fois entendu:" on est en 2002 et des injustices pareilles se passent encore!"

La révolte est réelle et justifiée. Et souvent, le commentaire revient. On invoque 2002 comme si l'avènement du deuxième millénaire avait été panacée porteuse d'une ère nouvelle. Pour ce cas-ci d'injustice et pour bien d'autres, de différentes natures et de gravité variable.

La route est longue, l'humanité a parfois courte vue. Et le monde est une petite planète.

Téléportation au Nigéria. Une femme attend la mort. Elle était enceinte lorsqu'on l'a condamnée pour avoir eu des relations sexuelles avant le mariage. La charia islamique ne badine pas avec ce genre de trucs. Le présumé père de l'enfant s'en tire sans heurts.

De partout, on décrie. En Europe comme en Amérique, on milite. J'ai reçu le courriel demandant une mobilisation massive pour sauver Safiya Husaini il y a déjà quelques jours. Mercredi, c'est Jean Leloup et une poignée d'autres artistes qui ont manifesté pour la libération de la Nigériane de 35 ans. Au parc La Fontaine. À Montréal. À des milles du Nigéria. Le monde est une petite planète.

J'entendais récemment que les artistes québécois n'étaient plus aussi engagés qu'il y a 20 ans.

Cette pensée m'avait frappée et encore aujourd'hui, elle m'apparaît fausse. L'artiste engagé n'a peut-être plus la même définition qu'auparavant, simplement. Il se mobilise pour autre chose que des couleurs politiques, prend plutôt parti pour l'humanité d'ici et d'ailleurs. Hors des balises de la chanson elle-même, dans le geste à portée sociale, plutôt.

Les exemples sont multiples, outre les nombreux spectacles de solidarité organisés pour une cause ou une autre.

Il y a Dan Bigras qui sortait l'automne dernier de son silence pour appuyer les squatteurs de Montréal. Il y a Richard Desjardins qui fait présentement partie d'une Commission censée évaluer le respect des droits humains au Mexique, un an après la marche des Chiapas. Et cette semaine, il y a eu Jean Leloup, Judy Richards et les autres pour Safiya.

Parce que le monde est une petite planète et l'humanité, une cause universelle.

C'est Jean-Jacques Goldman qui a écrit: "Nos rockers engagés sont nos derniers des justes. Ils nous sauvent peut-être pendant qu'on s'amuse."

La poudre d'escampette dans les Cantons

Toujours drôle de se voir à travers l'oeil des autres...

Nouvelle production de Télé-Québec, La poudre d'escampette propose demain soir une escapade dans nos Cantons-de-l'Est. De facture intéressante et dynamique, cette nouvelle émission animée par l'humoriste Laurent Paquin propose chaque semaine, depuis le début du mois, une virée dans une région du Québec en compagnie d'une personnalité native du coin choisi.

Demain, c'est à travers l'oeil du bien connu Gérald Larose que la caméra découvre notre coin de pays et nous amène dans des sentiers disons moins fréquentés.

On passe d'abord à Bury, où a grandi le président de la Commission des états généraux de la langue française. Anecdotes et souvenirs. On visite aussi l'impressionnant Pavillon de la faune de Stratford sous la gouverne du maître de séant, Jean-Louis Couture. On se réchauffe avec une bonne lampée de scotch au pub Caledonia de Gould. On part en raquettes dans les brumes enneigées du Mont-Mégantic et on fait un tour de train (faut-il s'en surprendre?) avec l'abbé Donald Thompson.

Le bureau régional estrien de Télé-Québec a participé à la production, laquelle a été tournée à la mi-janvier.

Directeur général de la division régionale de Télé-Québec, Mario Santerre ne cache pas une grande satisfaction: "C'est une production maison dont on est très fier, à Télé-Québec. Le tourisme est en hausse partout et avec La poudre d'escampette, on développe notre produit à nous dans ce créneau. Et puisque c'est une production autonome de Télé-Québec, on se refait ainsi une banque d'images pour regarnir nos archives."

Et, du coup, se doter d'un patrimoine culturel de tout le Québec, un patrimoine qui sera drôlement riche en images jolies si j'en crois ce que j'ai vu de l'émission. Jugez vous-mêmes en jetant un coup d'oeil, demain, 18 heures.

Coup de coeur pour...

La voix chaude et belle de l'Acadien Frederic Gary Comeau, qui lançait récemment un deuxième disque, Hungry Ghosts. Avec un timbre vocal qui rappelle Leonard Cohen (c'est dire!), des textes emplis de poésie, des mélodies profondes et grisantes, nul doute que l'auteur-compositeur-interprète trouvera écho large. Si la découverte vous intéresse, sachez aussi que bien qu'il chante en anglais, il a quand même publié, déjà, six recueils de poésie en français.

ktrembla@latribune.qc.ca

PHOTO: La Tribune, archives. Jean Leloup.

(Article original)


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Dernière mise à jour le 15 mars 2002.
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