Jean Leloup - Toutes les bombes sauf... I Lost My Baby
par Philippe Papineau
dans Le Devoir, 27 juillet 2012
Critique

L'heure était aux retrouvailles en plein air entre Jean Leloup et le public montréalais, hier soir à la place des Festivals, à l'initiative de Juste pour rire. Le roi Ponpon avait claironné sur toutes les tribunes cette semaine qu'il était de bonne humeur et qu'il avait retrouvé le plaisir de jouer ses vieux hits. Il avait promis au Devoir de « faire toutes les tounes », même I Lost my Baby. Mais Leloup nous surprendra toujours et même après deux heures de spectacle, il a laissé sa bombe de côté.

Pourtant elle y aurait trouvé sa place dans ce concert-fleuve d'à peu près 25 titres, si on fait le difficile décompte dans l'enchevêtrement de tous ces morceaux enchaînés à un rythme essoufflant. Le goût de refaire (presque) tous ses classiques lui est revenu, au grand plaisir de la vaste foule présente. Après la gloire, la traversée du désert, la mort, et la résurrection, le spectacle d'hier avait des allures de bilan.

Et il a donné le ton sans attendre. Après une présentation délirante de ses musiciens, Leloup a livré Isabelle en guise de hors-d'oeuvre, puis Nathalie, Cookie et une longue version de Faire des enfants, où il a sorti la guitare électrique à deux manches -- un peu pour la frime, ne se servant que d'un seul.

Parlant peu, voir pas du tout entre ses pièces, le chanteur maintenant âgé de 51 ans a plutôt utilisé en guise de colonne une histoire de corbeaux, qu'il a égrainée au fil des quelque deux heures du spectacle. La scène était un peu petite (en comparaison de celle des FrancoFolies et du Festival de jazz), mais la sonorisation était honnête de notre position, quoiqu'un peu ingrate pour ses musiciens, un peu étouffés derrière la gratte de Leloup.

En grande forme, John The Wolf n'a pas trop perdu la carte dans de grands délires, se permettant de dévier un peu des paroles, dans Paradis perdu entre autres, en plus de se permettre quelques monologues en musique. La plus belle fille de la prison, jouée très lente comme un duel tendu de western spaghetti, était méconnaissable, alors que le chanteur a fait un clin d'oeil remarqué et applaudi à la grève étudiante. D'ailleurs, en ouverture du concert, le patron de Juste pour rire, Gilbert Rozon, a subi les huées de la foule.

Pas de bois mort

Et les hits se sont poursuivis. La vie est laide, bang, Sang d'encre, paf, Johnny Go, vlan, Le monde est à pleurer, boum, la magique La chambre et son si poignant « Devrais-je partir ou bien rester ? Devrais-je enfin tout laisser tomber ? », argl. Encore ? Encore : L'amour est sans pitié, Les fourmis avec une finale africaine, et Le dôme, pièce éponyme de l'album dont pas moins de huit titres ont été joués hier. Il n'y avait pas de bois mort, comme on dit.

Et I Lost my Baby dans tout ça ? On a attendu et attendu, après la pluie de confettis et les quatre rappels. Même après les feux d'artifice qui ont pétaradé derrière la scène, on avait un peu d'espoir. En vain. Les lumières se sont allumées, la foule a quitté, la tête remplie de hits et le coeur gonflé. Au fond, Leloup aura été Leloup. Imprévisible jusqu'à la fin. Et c'est ainsi qu'on l'aime.

Photo : François Pesant - Le Devoir Au fond, Leloup aura été Leloup. Imprévisible jusqu'à la fin.
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Dernière mise à jour le 1 août 2012.
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