Leloup qu'il nous faut
par Rémy Charest
dans Le Devoir, 5 août 1996
Critique

Québec - Après deux ou trois chansons, vendredi soir dernier, au D'Auteuil, je me demandais un peu ce qui se passait. À vrai dire, peut-être que Jean Leloup, avec sa chemise hawaïenne et sa coiffure de petite fille, se demandait aussi un peu ce qui se passait, lui qui revient sur scène après cinq ans d'absence quasi totale.

La foule, heureuse comme c'est pas permis de retrouver le plus singulier des rockeurs québécois, était déjà déchaînée. Tout ça après un début de spectacle en point d'interrogation, où Leloup et sa bande venaient de souffler Alger à toute vitesse, de faire passer Nathalie de son rock d'origine à un reggae approximatif dans ce qui ressemblait un peu à une entreprise de démolition du passé.

Si l'on peut comparer le Leloup d'aujourd'hui à quelque chose, ce serait d'abord aux brillants Stone Roses ou aux anciens Charlatans UK et à d'autres rockeurs britanniques aux musiques à la fois paresseuses et irrésistibles. L'auteur de Printemps été fait toujours des sauts de style qui lui donnent des airs de Mano Negra québécoise.

La précision n'est pas toujours au rendez-vous, en partie à cause d'une volonté de faire les choses seulement comme elles viennent.

Ce que nous offre Jean Leloup à ce moment-ci n'est certainement pas le plus accompli des spectacles, ni le plus virtuose. Mais il a de la personnalité, du chien et la capacité de tenir une salle en haleine pendant deux heures et demie, entracte non compris, au point que les gens, vendredi soir, en auraient pris encore une bonne demi-heure. Où est-ce que tout cela nous mènera? Avec Jean Leloup de retour, la seule chose qui soit sûre (et la seule qui compte, au fond), c'est qu'on ne s'ennuiera pas une seconde.
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Dernière mise à jour le 17 novembre 2009.
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