Leloup de très bon poil
par Christian Côté
dans Le Droit, 14 octobre 2000
Critique

Ça criait au loup hier, à Gatineau, en ce vendredi le 13, soirée de pleine lune par surcroît. Mais de loups-garous, il n'y avait point. C'était plutôt un Jean Leloup «désamplifié» mais pas débranché pour autant, qui s'attirait tous ces cris. Plus doux mais avec toujours autant de mordant, Johnny The Wolf poursuivait impunément sa tournée des bergeries de la province.

Une salle Odyssée débordante d'enthousiasme attendait messire Jean le réclamant à plusieurs occasions. Puis 15 minutes après le dernier son de cloche, une ombre est apparue. C'était lui, Leloup.

Il s'est installé tranquilement, Gibson 1956 au cou, assis sur un tabouret devant le rideau encore baissé. Puis il s'est mis à table. Et contrairement à ce qu'on connaissait de lui, Leloup s'est fait pas mal bavard, y allant de blagues et de coups de folies tout à la fois.

Une trentaine de minutes en compagnie du chanteur-conteur sur scène ou en train de jammer dans sa cuisine, qu'on y aurait vu aucune différence. Certainement une entrée en matière délicieuse, presqu'autant à tout le moins que la chemise hawaïenne qu'il avait sur le dos.

Puis le rideau s'est levé et ses deux potes Alex et Stéphane, à la basse et à la batterie, l'on rejoint pour offrir des Cookie et des Fourmis dans un habit différent que celui qu'on leur a prêté sur disque.

Parce qu'avec Jean Leloup, un spectacle sans élucubrations ni bordel de mots et de sons, ça n'existe tout simplement pas.

«On l'a moffé celle-là'', lancera-t-il soudainement. Ou encore, il exigera au public de se taire pour que lui, le musicien-déconneur puisse jouer de sa guitare dans le silence.

Un Leloup pas échevelé ce n'est pas le Leloup qu'on connaît. Heureusement hier, tous ceux qui s'étaient réunis sous son dôme musical, ont été rassurés: le Jean était tout là, décousu, halluciné et laissant parfois sortir des éclairs de génie.

Sa formule légère, sur une scène dénudée, apporte certainement une bouffée d'air frais. On arrange pas les pièces lorsqu'on joue avec trois musiciens comme on le ferait avec dix. Et ça, ça valait le coup.

La foule enjouée a d'ailleurs bien apprécié ce pot-pourri bordélique, se surprenant même à danser, et à aimer ça furieusement par dessus le marché. Leloup, malgré des écarts de conduite ici et là, a réussi son pari. Dans ses grands instants de lucidité, il sera parvenu à extirper l'essentiel de ses compositions pour en faire de joyeux moments de scène.

Photo: Martin Roy, Le Droit


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Dernière mise à jour le 15 octobre 2000.
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