Jean Leloup: Sans voix ni loi
par Michèle Laferrière
dans Le Soleil, 17 mai 1997
Entrevue

Au lendemain du lancement du Dôme, son dernier album, Jean Leloup affichait une fébrilité et une inquiétude qui ressemblaient à de la panique. Maintenant, au coeur d'une tournée qui l'amène à Québec ce soir, un rhume jumelé à un enrouement des plus embêtants ne lui soutire qu'un placide «de toute façon, j'ai pas une belle voix. Ça paraîtra pas.»

Il est vrai que son spectacle a du vécu et que son album a reçu plus que sa part d'éloges. Ça remonte un moral et donne une impulsion du tonnerre! La scène devient alors un lieu de rendez-vous et d'échanges, stimulant au possible, où l'artiste et son auditoire se nourrissent l'un l'autre.

«J'aime jouer avec le public», mentionne, au téléphone, un Leloup dont les reniflements et les raclements de gorge ponctuent les propos. «Et quand ça brasse, c'est très inspirant pour moi.»

Il ajoute que «ça brasse en chien et que ça fait tous les temps», malgré la diversité de l'assistance, peuplée de kids et de jeunes adultes qui se gavent de reggae, de ska, de rock, de funk et de hip hop. Et le plus merveilleux, c'est que «ton état change selon la salle où tu chantes». La seule constance du spectacle de Leloup : il ne parle pas, laissant plutôt ses chansons s'enchaîner et ses musiciens se déchaîner. «Higelin est un des rares à savoir improviser, soutient Leloup. Moi, ça ne me tente pas, ces temps-ci.»

Imitant le Spectrum de Montréal, les gens du Capitole de Québec enlèveront les tables pour laisser bouger et danser les spectateurs. Foi de Leloup, ils seront comblés. «Mes tounes sont complexes, dit-il. Elles ont une structure, mais elles nous permettent de jammer à notre goût. Et finalement, personne ne refait jamais la même affaire.» En résumé, on sait où ça commence, mais on ignore où ça s'arrête.

«Tight» et rodé

Deux guitaristes, un bassiste, un batteur, une choriste et un chanteur, enrhumé mais pas engourdi, animeront donc un fameux party, à 20 h 30, au Capitole, «un show tight et rodé», pour emprunter les mots de Leloup, différent de celui qu'il présentait au D'Auteuil en novembre, dans lequel les anciennes chansons s'entremêleront aux récentes et aux inédites. «J'ai plein de tounes en réserve, que je n'ai pas utilisées pour Le Dôme», précise Leloup, qui ajoute : «Je suis sur une stretch d'écriture.»

Il s'agite continuellement cet homme! Et c'est pour mieux gérer son temps, qu'il exige que ses entrevues se déroulent en début de matinée. Après 11 h, lui mettre le grappin dessus relève de l'exploit!

«J'ai quand même pas l'âge d'être rentier», lance-t-il. Et tu as quel âge au fait? «35, non 36!», répond-il, se gardant bien de préciser qu'en ce 14 mai, c'est son anniversaire.

L'an dernier, Leloup se terrait dans tous les studios de fortune de Montréal, dans un douloureux «délire de création» qui le mènerait à son troisième album, le très inspiré Le Dôme.

Cette année, il parcourt la province, toutes voiles dehors jusqu'à l'automne, dans un état qui ressemble au plaisir. Il sera invité aux FrancoFolies de La Rochelle, le 12 juillet, mais sera absent de celles de Montréal. Tous les espoirs sont encore permis quant à un éventuel passage au Festival d'été. Espérons, mais ne rêvons pas

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Dernière mise à jour le 1 novembre 2001.
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