Rencontre rare : Leloup donne de ses nouvelles
par Kathleen Lavoie
dans Le Soleil, 9 juillet 2001
Entrevue

Un courant d'air : voilà à quoi ressemble Jean Leloup cet été. À part ses quelques présences dans les festivals de la province, dont le Festival d'été, le chanteur a décidé de se faire oublier. Aux nombreux journalistes qui ont tenté de l'attraper, il s'est contenté de défier : " Trouvez-moi ! " LE SOLEIL y est parvenu samedi, sur les plaines, quelques minutes après sa sortie de scène.

Jean Leloup, le bien-nommé, n'est pas reconnu pour se laisser approcher facilement. Un peu sauvage, indompté, il préfère l'ombre à la franche lumière... Ce n'est cependant pas faute d'avoir des choses à raconter... Leloup, samedi, était dans de généreuses prédispositions, parlant sans retenue de ses projets - livre, disque, spectacle et film - qui le forceront bientôt à faire un hiatus de la scène. Sa plus étonnante révélation du moment : le chanteur, qui a déjà plusieurs nouvelles pièces dans son sac, annonce un changement de cap musical important.

" Ce sera nettement plus quick que le rock... À force de jouer, un moment donné, je suis arrivé à créer des mélodies et des harmonies qui n'existent pas dans les tounes que j'ai faites jusqu'à maintenant. Je les ai poussées et ça a donné quelque chose de nouveau ", a indiqué dans sa loge le chanteur, de retour d'un printemps au chaud soleil du Costa Rica.

Ce son tout neuf, Jean Leloup ne sait encore trop comment il y est arrivé. Essai ? Erreur ? Fignolage ? Accident ? Tout ce dont il est certain, c'est que cette direction l'enchante. " C'est tellement plus hot que ce que j'ai fait jusqu'à maintenant... C'est juste que j'ai trouvé un truc... Il y a quelque chose qui s'est passé ", a-t-il tenté d'expliquer, dépassé par le mysticisme de l'opération.

Cette trouvaille, prévient-il toutefois, le forcera à mettre sur la glace les " classiques " qu'il interprète en abondance dans ses spectacles estivaux. Trop discordant.

" C'est tellement différent que je ne peux pas mêler ça. C'est une grosse coche au-dessus. Ça ressemble... C'est plus hot, plus facile, très performant au niveau des instruments. De la grosse musique sale. Ça va groover en tab..., mais quatre fois plus ! ( ) Ça n'aurait pas eu de bon sens d'en jouer une ou deux à soir (samedi)... Quand tu fais le Festival d'été, tu fais tes tounes les plus connues. That's all ! C'est comme un orchestre de ville pis c'est l'fun ! ", estime celui qui a collaboré au dernier album de Bran Van 3000.

S'il faut en croire Leloup, il faut non seulement s'attendre à une évolution musicale, mais aussi à un réaiguillage du côté de l'écriture.

" Les textes sont pas mal plus drôles... " À cause de l'entraînement ? " Non, non, non. En écriture, tu ne deviens pas meilleur. Juste moins con ! "

Publié d'ici trois mois

Leloup n'a jamais fait grands mystères de sa passion pour l'écrit. Son roman depuis longtemps annoncé, Le tour du monde en complet, devrait se retrouver sur les tablettes des libraires d'ici trois mois, c'est-à-dire dès que la relecture en sera terminée.

Mais attention, terrain miné ! Demander à l'artiste qui en sera l'éditeur équivaut à ouvrir une boîte de Pandore...

" Les éditeurs sont tous vieux et cons. Y sont plates... On a l'impression qu'ils s'intéressent juste à une clientèle de bourgeois, de tables à café... "

La solution à son problème ? L'entrepreneuriat.

" Je veux me lancer une maison d'édition vraiment pétée, une maison qui publie des livres et des disques. Pour moi, c'est toute la même affaire. Ça permet de garder le contrôle sur tes trucs... "

Reste à savoir s'il s'agit d'un rêve éveillé ou d'une volonté ferme. Avec Leloup - c'est connu - tout est possible. Tenons-en pour preuve un film d'animation en pâte à modeler de 40 minutes qu'il vient tout juste de compléter et qui devrait être diffusé sous peu - il est demeuré très évasif sur le sujet - ainsi que de nombreux scénarios de films en chantier...

Autrement, le bonhomme fait bon à voir. À vrai dire, il respire la santé...

" À 27 ans, je fumais 2 paquets par jour, je buvais 15 cafés, 10 vodkas, pis le reste... Mais j'avais 27 ans. Là, j'ai pogné le 40. Je ne bois plus, je ne fume plus. Ça ne me tente même plus. Je suis donc autant en forme qu'à 27 ans ! J'étais solide pas mal pour faire les shows que je faisais... Je suis encore capable maintenant ; il faut dire que le rythme, ça aide beaucoup. " Suffit de le garder, hein, Jean ?

(Article original)


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Dernière mise à jour le 30 octobre 2001.
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