Jean Leloup : Il joue de la guitare
par Geneviève Vézina-Montplaisir
dans MÉTRO, 24 avril 2008
Entrevue

«Je pense que c’est mon meilleur disque ever», clame fièrement Jean Leloup à propos de sa dernière offrande, Mille excuses Milady, à paraître mardi. Dans Le dôme, il y avait des criss de bonnes tounes, et il y en avait des poches. Dans celui-là, il n’y a pas de toune de remplissage. Ça sort tout du cœur.»

Après avoir fait mourir son personnage de Jean Leloup en 2003 avec tambours et trompettes pour reprendre son vrai nom, Jean Leclerc, le chanteur ressuscite Leloup. À la bonne heure!

«Sais-tu quoi? J’avais complètement oublié que j’avais arrêté Jean Leloup! confie en riant le principal intéressé, rencontré dans un café de la rue Bernard. Je ne suis pas obligé de suivre l’histoire. Je n’écris pas un roman, moi, là! J’ai vraiment voulu arrêter pour toujours, mais je me sens tellement bien depuis que j’ai décidé ça, que là, je n’arrête pas de composer des tounes!»

L’excentrique artiste souligne également que, ces dernières années, il a pris conscience de sa véritable vocation.

«J’ai compris que je faisais partie d’une race de monde : les chanteurs à guitare, déclare-t-il. Ces hommes comme Georges Brassens ou Hank Williams, qui ont voyagé avec leur guitare en hommes libres et sans attache. Maintenant, je compose mes tounes à la guitare simplement et, après, il y a des musiciens qui viennent m’accoter. J’ai fait du disco, mais ça vient moins me rejoindre. Ce que j’aime, maintenant, c’est le côté acoustique grunge. On dirait que j’ai vraiment trouvé quelque chose que j’aime beaucoup; le reste pour moi c’est comme du ketchup par-dessus. Et il n’y a pas trop de ketchup dans ce disque-là.»

Effectivement Mille excu­ses Milady laisse de côté les fioritures pour mettre de l’avant les compositions très personnelles de Leloup. On y reconnaît cependant le style du chanteur qui colore la scène musicale depuis presque 20 ans.

Le manifeste

Outre ses 17 chansons, qui totalisent une heure de Leloup au sommet de sa forme, le 7e album studio, de celui qui affirme vivre en marge de la société et de ses conventions est accompagné d’un livret de 12 pages. Dans celui-ci, il parle de ses peurs et explique ce qui s’est passé dans sa tête lors du fameux spectacle qu’il a donné à Québec cet été, où il a engueulé le public.

«Je leur ai dit : “Faites attention, vous êtes rendus trop gros”, se souvient-il. Je ne pensais pas qu’ils allaient être insultés de même!»

Dans ce qu’il appelle son manifeste, Leloup parle aussi de ses oreilles, qui sont sensibles aux sons semi-aigus, les mids, ce qui lui donne du fil à retordre en spectacle. Il parle aussi de drogue, de déficit d’attention et de bipolarité. Il déballe le paquet une fois pour toutes, sur le ton de la confidence.

«Les gens ont dit : “Il est comme ci, il est comme ça.” Moi, j’ai fait ce texte pour dire que : “Ça oui, ça non, ça je suis d’accord, ça je ne suis pas d’accord”, explique-t-il. J’ai écrit comment je fonctionne parce que je me suis dit : “Peut-être qu’ils vont arrêter de se casser la tête.” J’en mets aussi un peu.»

Libre penseur vivant une vie de vagabond-chanteur, Leloup surprendra toujours. Il assume aujourd’hui pleinement son choix de vie en dehors du système, qui oscille entre création et désir de reconnaissance d’un public qui lui reste fidèle malgré ses débordements.

Photos Steeve Duguay: Jean Leloup.
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Dernière mise à jour le 30 mai 2009.
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