Jean Leloup, génie ou 'psychopatate'?
par Otto Graf
dans Multitop, février 1992
Critique

Qui a peur du grand méchant Leloup? Les frileux, les coincés, les timorés. Car notre jeannot qui n'a rien d'un lapin, avec son chapeau haut de forme, ses costards délires et ses mèches blondes en pétard est le rocker par qui le scandale arrive sur les berges jusqu'alors tranquilles du Saint-Laurent qu'il dégèle à grands coups de provoc'. Après quelques années classiques de galères et de dérives, ce québécois destroy, fils spirituel de Mick Jagger et d'Iggy Pop pour l'"attitude", est désormais le sex-symbol sans rival de sa bonne province. Pour conquérir son royaume et régner sur des milliers de jeunes fans transis, il aura suffi d'un album à l'ennemi public n°1 des parents d'élèves. Un album de rock très "air du temps", enjoué, prompt, dynamité qui rappelle parfois les Négresses Vertes question speed musical et Higelin pour la richesse des textes. Et ses mots, il ne les mâche pas ce Leloup, terreur des petits chaperons rouges, qui se révèle un auteur inventif, fécond, plein de trouvailles. Qu'il raconte des histoires abracadabrantes d'OVNI ("Plein Gaz") ou d'escargots baveux déferlant sur la planète ("L'escargot"), qu'il fustige cette garce d'Isabelle qui l'a plaqué sans crier gare ("Isabelle") ou cette année 1990 plutôt pourrave ("1990"). En sus, le torrent endiablé sait aussi, à l'occasion, se faire fleuve tranquille ("L'antiquaire" ou "Décadence"). Alors, Jean Leloup, génie ou "psychopatate"? Une chose ne fait aucun doute: c'est une sacrée bonne affaire. Musicale, il va s'en dire.

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 20 janvier 2005.
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