Fantasia -- Karaoke Dreams : L'immondice tant attendue
par Claudia Hébert
dans Pieuvre.ca, 7 août 2011
Critique

Une certitude : Jean Leclerc dit Leloup, qu'il s'autoproclame mort ou vivant, devrait s'en tenir à la musique. À quand une restriction de la Cour pour empêcher le rocker de s'approcher d'une caméra?

En écrivant ce texte, j'ai encore des vagues de mal à mon humanité. Cela peut vous donner une idée de mon dégoût durant le visionnement de ce film de cégep qu'est Karaoke Dream.

Dans la réalisation de ce nouveau film... que nous devrions peut-être appeler vidéo plutôt que film... Leloup est tel un adolescent qui découvre toutes les fonctionnalités et effets offerts par son logiciel de montage, allant jusqu'à dépasser l'excès en la matière, de façon particulièrement désagréable.

Au travers de ces fameux intertitres, sous-titres et autres envols littérires intempestifs, Leloup fait des déclarations grossières, totalitaires et à l'emporte pièce. Exemple au hasard : «Vous êtes formatés! Format = dressage idéologique = esclavage?»

J'imagine que notre ami le réalisateur voit son comme un stream of conciousness mais cela apparaît plutôt comme le délire révolutionnaire d'un jeune pédant sous l'emprise de la drogue. Si nous retournons à la métaphore de l'adolescent, je dirais qu'il vient de s'acheter un chandail de Che Guevara, de commencer à lire Sartre et Kafka et accuse ses parents d'être des «fachos» ou des «bourgeois». Voyez-vous l'analogie?

Avec forces saynètes mettant en scène de mauvais acteurs et / ou d'étranges danseurs démoniaques, Leloup prétend nous entraîner dans des «extraits d'inconscient humain pur à 100 %». Au final, on ne fait que peu de sens des multiples histoires qui s'enchâssent étrangement et ce que l'on comprend est sans le moindre intérêt.

Un film fragmenté, hétéroclite, basé sur une imagerie inégale et sans cesse changeante accompagnée de voix off désynchronisées et parlant beaucoup de cul, dans un genre de français international souvent peu convaincant.

On sent une influence du genre «nouvelle vague» mais sans originalité, sans vraie maîtrise du médium, sans intérêt et avec beaucoup de grotesque, de prétention et d'immaturité.

La musique est signée par The Last Assassin , le nouveau groupe de Leloup qui y parraine sa copine. Le film, pardon, le vidéo, se fait parfois vidéo-clip où la musique est de loin supérieure aux images.

Le dernier opus de Jean Leloup, Ice Cream, n'a été vu il y a deux ans que par une poigné de curieux lors du FNC. La rumeur veut que pendant la deuxième représentation, Leloup s'est installé à la guitare au pied de l'écran pour suppléer à la musique manquante à la bande sonore du film... et sûrement pour tenter de sauver les meubles de façon générale.

Une fois cet échec tombé dans l'oubli, sans jamais aucune diffusion additionnelle de l'objet prétendument cinématographique, Leloup se permet de réutiliser son matériel et de le remonter au travers de Karaoke Dreams. On peut s'avancer sur les risques de voir ce nouvel effort suivre le même chemin vers les oubliettes que son prédécesseur.

Sans son nom déjà célèbre, notre ami Jean serait contraint de montrer le film à ses amis dans son sous-sol. Dur de croire qu'un tel film soit diffusé dans un quelconque festival, vu que jamais on ne s'attendrait à une telle immondice de la part de quiconque d'autre qu'un jeune cégépien qui saute sur l'occasion de faire un film soit disant philosophique et où il peut montrer de la violence, du sang et des seins. Bref, pas le genre d'œuvre recherché si ce n'est aboutie dont on pourrait s'attendre de la part d'un homme de 50 ans.

Fuyez.
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Dernière mise à jour le 14 août 2011.
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