Les Francofolies de Montréal ont 20 ans
par Alain Pilot
dans RFI, 31 juillet 2008
Article

Quand la chanson francophone se met en scène sur le continent nord-américain

"J’aime cette idée que les artistes aient une histoire commune avec les Francos". C’est ainsi que Laurent Saulnier, vice-président de la programmation des Francofolies de Montréal, résume l’état d’esprit du festival. Après vous avoir fait vivre en juin le Festival de la Chanson de Tadoussac, celui d’été de Québec début juillet, RFI Musique termine sa tournée outre-Atlantique avec le 20e anniversaire des Francos de Montréal (24 juillet au 3 août), cette métropole qui occupe le second rang des agglomérations internationales de langue française. Nos cousins québécois méritaient bien qu’on leur tire notre chapeau en cette année du 400e anniversaire de leur capitale, Québec !


Bien que l’épopée des Francofolies ait commencé à la Rochelle quatre ans auparavant en 1985, ce célèbre festival n’est pas qu’une aventure hexagonale, mais un label qui s’est exporté, plus ou moins bien, à travers le monde. Rappel des faits.

C’est cette ville qui compte 1,8 million d’habitants dont un peu moins de 50% parlent français qui fut la première à relever le défi francofou à l’étranger. Très tôt, Jean-Louis Foulquier, le papa des Francofolies qui aujourd’hui a passé la main, joue les conquistadors. Après Montréal, il débarque avec son concept en 1991 à Blagoevgrad en Bulgarie, pays francophile, et à Buenos Aires, en Argentine où le public ne l’est pas vraiment. Deux éditions auront raison de ces Francos d’Amérique du Sud et de l'Europe de l’Est, qui ne connaîtront aucun rappel. Même sort pour celles de Nendaz en Suisse ou celles de Berlin.

En revanche, la Belgique, tout comme le Québec, est loin de lâcher l’affaire, elle qui vient de refermer il y 10 jours sa quinzième édition. Le pendant montréalais des Francos, souffle cette année ses vingt bougies. Si, pour sa 1ère édition, les Francos de Montréal proposaient une quinzaine de spectacles et se vantaient d’une fréquentation d’environ 5 000 personnes, on ne comptait pas moins de 250 concerts et entre 800 et 900 000 spectateurs en 2007.

Les Francofolies montréalaises ont permis, par exemple, à Patricia Kaas de se produire en 89 pour la 1ère fois sur le continent nord-américain. Le local Jean Leloup, connu en France pour son tube 1990, devenu une star au Québec, y fera également ses débuts sur le toit d’une voiture suite à une coupure d’électricité dans la salle.

Début des années 90, les "commanditaires" (les sponsors, en français de France !) permettent gracieusement d’assister à tous les shows en extérieur. 1992, c’est le groupe phare du Québec Beau Dommage qui créée l’événement avec des retrouvailles exceptionnelles. Gilbert Bécaud, Angélique Kidjo et MC Solaar sont également de la Francofête. En 1995, le Prix Félix-Leclerc voit le jour ; il offre à deux jeunes talents, l’un Québécois et l’autre Français, de se faire connaître des deux côtés de l’Atlantique.

2008

Essayez de concevoir la Place de la concorde ou Time Square transformés 11 jours durant en une salle de spectacle géante à ciel ouvert. Impossible. Montréal, située à l’Est du Canada, elle, n’hésite pas à faire pousser en plein milieu de son artère principale, la rue St Catherine, un village composé de scènes extérieures, de stands de massages, de glaces, de produits dérivés, qui côtoient les vendeurs de "chiens chauds" (hot dog en français dans le texte !). Durant la saison des festivals, la métropole a un métronome dans son coeur.

Cette Francofolle aventure qui affiche deux décennies, a convié des artistes "que l’on avait pas invité depuis longtemps", précise Laurent Saulnier. Michel Fugain a eu droit à sa carte blanche dans la très chic salle Wilfried Pelletier, à l’image du parterre, grand bec ouvert pour faire ... "comme l’oiseau" à ses côtés. Premier invité, le Québécois Bruno Pelletier, c’est un beau duo, "un beau roman". Une belle histoire qui s’écrira aussi avec Véronique Sanson et Daniel Lavoie.

A quelques mètres de là, dans une salle plus rock’n’roll (Le Métropolis) c’est un délire total pour "Catherine Ringer chante les Rita Mitsouko". La dame au chapeau noir et à la chorégraphie sans pareil est "écoeurante" (fabuleuse en québécois). Pour l’ultime concert de cette tournée débutée avec son regretté complice Fred Chichin, elle se donne avec grande classe. Cet instant que d’autres auraient commué en un moment pathétique, elle, galvanisée par la foule, le transforme en une fête à ... Fred.

Enfin, un mot sur un de ces artistes moins connus, Navet Confit. D’abord pour souligner que les groupes Québécois emportent haut la main la palme des noms les plus absurdes, souvenons-nous de La Bottine Souriante ou des Secrétaires Volantes ! Ensuite, pour dire qu’on a aimé le second degré du chanteur, la maîtrise de la batteuse, mais hélas, que l’on n’a pas compris tous les textes, souvent noyés par le volume. Punk un jour...

A Montréal, on est encore loin d’avoir ouvert tous les cadeaux musicaux de ce 20e anniversaire. À suivre, entre autres, la nouvelle création de la coqueluche québécoise Pierre Lapointe, Madame Diane Dufresne en clôture ou encore la révélation du nom du lauréat du Prix Félix-Leclerc 2008. Un vrai petit bonheur !
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Dernière mise à jour le 31 juillet 2008.
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