Joyeux anniversaire!
par Laurent Saulnier
dans VOIR, 23 octobre 1997
Article

Comme vous le savez très certainement, le Spectrum célèbre depuis une semaine son quinzième anniversaire. Jeudi dernier, c'était la grande soirée des célébrations avec un spectacle réunissant sur scène: Éric Lapointe, Plume Latraverse, Paul Piché, Marjo, Lhasa, Jean Leloup, Daniel Bélanger, Zachary Richard, Michel Rivard, Daniel Lavoie, Louise Forestier, etc.

Un show dans la tradition «unplugged» sans batterie, ni claviers électriques, presque sans électricité aucune. Mais aussi un show de télé. Avec éclairages pas très subtils, caméras parfois gênantes, etc. Mais, comme la soirée était gratuite pour tout le monde, ce n'est peut-être pas très grave...

Et, croyez-le ou non, on a passé une très belle soirée. Lorsqu'on réunit autant de gens de talent, avec leur répertoire, inévitablement, on passe une bonne soirée. Bien sûr, on peut faire les gorges chaudes, se dire qu'on aurait aimé mieux telle chanson de Plume ou tel succès de Rivard. Mais, fondamentalement, on ne peut pas reprocher grand-chose à cette soirée.

Le duo Michel Rivard-Zachary Richard sur Marjolaine était un fort beau moment. Au moins autant que lorsque Lapointe a entonné Shefferville avec Rivard. Ou lorsque quelques parapluies se sont ouverts pendant que Bélanger chantait... Le Parapluie. Ou Leloup nous parlant avec conviction du redoutable pet du bison. Ou Piché qui a eu le bonheur de sélectionner la chanson L'Escalier, probablement sa meilleure en carrière. Ou Plume Latraverse qui se demande encore, et toujours avec la même pertinence, pourquoi il a vendu sa chèvre. Ou Lapointe amorçant la soirée avec un Loadé comme un gun bien senti.

Pas un gros party, mais une bien belle soirée.

C'est Isabelle Primault, une des programmatrices du Paléo Festival de Nyon, en Suisse, qui me l'a fait remarquer. Présente à ce spectacle, elle était assez soufflée. En une seule et unique soirée, elle avait l'impression d'avoir fait le tour de ce qui se passait en chanson en ce moment au Québec.

Et elle avait, en grande partie, raison. À cause des multiples festivals, événements, concerts-bénifice, shows-télé, hommages, etc., on finit par s'habituer à ces grands rassemblements. À chaque fois, on en demande encore plus, toujours plus, alors que nous en avons déjà beaucoup, et particulièrement lors de cette soirée qui pourrait bien être mémorable.

Des exemples? C'est quand, la dernière fois que Plume a participé à un événement du genre? Et Daniel Bélanger - fouillez dans votre mémoire - le fait-il si souvent? Que dire de Lhasa? Sommes-nous déjà tannés de la voir? Et Leloup? Depuis quand passe-t-il son temps à faire des shows de ce genre? Attention, l'affiche de jeudi dernier au Spectrum est beaucoup plus «extra-ordinaire» que vous pouviez le penser.

Bref, cessons de jouer les blasés, et amusons-nous, que diable!

Avec Sylvain, toujours lors de cette soirée, on se disait que celui qui était monté le plus souvent sur la célèbre scène du Spectrum, au cours de ces quinze ans de loyaux services, était très certainement le guitariste Rick Haworth. Imaginez: tous les shows de Rivard depuis la parution de l'album Sauvage, tous les shows de Piché depuis je ne sais même plus quand, tous les shows de Daniel Bélanger depuis le début de sa carrière.

Comment faire pour souligner cette présence active? Impossible de rebaptiser le bar 5 du nom du célèbre guitariste, il ne boit même pas. Une plaque? Ce serait dommage, il va sûrement remonter sur cette scène (en fait, pas plus tard qu'à la mi-novembre avec Bélanger). Une de ses guitares accrochée au mur? On est au Spectrum quand même, pas au Hard Rock Café.

Suggestion: ne devrait-on pas appeler les loges du Spectrum «Le salon de Rick»? «Chez Rick»? «Rick's Room»?

C'est Mario Légaré qui risque d'être jaloux...

La semaine dernière, je n'ai pas été très tendre envers So Much for the Afterglow, le troisième album d'un de mes groupes américains favoris, Everclear. Peut-être était-ce simplement là une autre preuve du proverbe «Qui aime bien châtie bien.»

Toujours est-il que je n'ai pas pu me retenir d'aller, quand même, les voir lors de leur prestation au Music World du Complexe Desjardins, mardi soir. Soulignons d'abord la générosité du groupe qui aurait pu se contenter d'enfiler six ou sept chansons de son petit dernier en trente minutes, merci, bonsoir.

Ce serait mal connaître Everclear qui a fait un set de quarante-cinq minutes, jouant autant de nouvelles chansons que d'extraits de Sparkle and Fade (Heroin Girl, Santa Monica, la grandiose You Make Me Feel Like a Whore, etc.) et même une chanson de leur obscur premier disque, le très sale World of Noise. Et Art Alexakis demeure un auteur-compositeur nettement au-dessus de la moyenne.

Dois-je me reprendre sur la qualité de ce troisième album? Peut-être pas. Reste cependant que ce supplément de chansons ajoute de la profondeur au répertoire d'Everclear, et que, même si, dans son ensemble, So Much for the Afterglow n'est pas aussi bon que Sparkle and Fade, ça fera encore une fois un sacré bon concert, lors de leur prochain passage à Montréal, fort probablement en janvier, avec Our Lady Peace.

Eh oui, il faudra encore se taper Our Lady Peace...

(Article original)


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Dernière mise à jour le 31 juillet 2000.
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