Parfois je vidéo
par Voir
dans Voir, 5 septembre 1991
Brève

Dimanche dernier se déroulait le premier vidéogala québécois sur les ondes de Musique Plus. C'est une bonne nouvelle. Dans l'absolu, ça signifie que nous produisons assez de clips pour avoir la possibilité d'en choisir les meilleurs. Qu'il y a assez de techniciens et techniciennes, de directeurs et directrices photo (sic), de réalisateurs et réalisatrices, de monteurs et monteuses, de directeurs et directrices artistiques (sic) pour avoir la possibilité de récompenser les meilleurs d'entre eux.

Dans les faits, si on se fie à ce que l'on a vu à Musique Plus, si le nombre de clips est là, les gens qui les font sont très peu nombreux. Dans la catégorie directeur photo, par exemple, David Franco avait quatre nominations sur cinq! Et les réalisateurs étaient toujours les mêmes: Alain Desrochers (qui a enlevé trois trophées), Lyne Charlebois, James DiSalvio, Jean-Marc Piché, Erik Canuel. Avec cette bande des cinq, on semble avoir fait le tour de la production québécoise de clips de qualité au Québec. Un bon point cependant, le bassin de vidéastes semble vouloir se renouveler régulièrement. Il y a seulement trois ans, peu de ces réalisateurs étaient actifs. Il y a trois ans, c'est les gens de Public Camera, les François Girard, Raymond St-Jean, etc., qui auraient été omniprésents.

Pourtant, en 1990 et 1991, c'est 269 clips au total qui ont été réalisés au Québec. Qui a fait les autres? Où étaient-ils? Il faut cependant dire que les clips sélectionnés font vraiment l'unanimité. Qui n'a pas craqué devant le clip de Sous la pluie de Vilain Pigouin, une réalisation de Lyne Charlebois? Qui n'a pas aimé le Cookie de Jean Leloup, une réalisation de James DiSalvio? Le Je sais, je sais de Marjo, réalisé aussi par Charlebois? Le Fleur du mal de Nicolas, de Alain Desrochers? Qui n'a pas succombé devant le Dis-moi, dis-moi de Mitsou, toujours de Desrochers?

Ces clips sont bons. Très bons même. Efficaces, punchés, forts, bien filmés, avec un fil conducteur intéressant et des idées. Pas de prouesses techniques qui coûtent des milliers de dollars, pas de nouvelles technologies inabordables. Juste des bonnes idées et un oeil privilégié. C'est beaucoup. Et c'est ce que nous envient la plupart des artistes canadiens.

Les grands gagnants officiels de cette soirée, pour ce qui est des interprètes des chansons, ont été Vilain Pingouin, Jean Leloup et Julie Masse, avec au moins deux trophées chacun. Mais les deux gagnants réels n'ont été que Vilain Pingouin et, surtout, Jean Leloup. Ce sont les deux seuls que le nombreux public présent a applaudis chaque fois que leur nom était prononcé dans les mises en nomination. C'était surtout flagrant dans le cas de Leloup. Dès qu'il apparaissait, dès que son nom était mentionné, une certaine folie s'emparait de la foule. On entendait les cris stridents des jeunes filles, la marque d'appréciation ultime dans ce genre d'événement ouvert au public.

Leloup, superstar? Il faut bien le croire. Le même que nous avions vu à Coup de coeur francophone il y a trois ans dans une performance sublimement erratique, puis deux semaines plus tard au SAS dans une performance atrocement erratique. Leloup, à l'époque capable du meilleur comme du pire, serait-il désormais capable que du meilleur, quand il ne parle pas?

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 6 mars 2005.
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